La complexité est un problème, pas une solution

Nous avons été formés à ne reconnaître que les idées claires et distinctes (Descartes), bien compartimentées.

Dans une même réalité, des traits différents et apparemment contraires sont liés. Ex : bonté et méchanceté.

Nous sommes habitués à éliminer le contexte, la liaison entre la chose et son contexte.

Ex : le conflit ukrainien n’est pas en vase clos. Il faut faire un effort de contextualisation.

La complexité est un défi à la connaissance, ce n’est pas un mot solution, c’est un problème.

Les paradoxes de la complexité : système, tout ou partie

Nous sommes habitués à parler, à penser binaire : oui ou non, bien ou mal.

Le système est un ensemble d’éléments de nature différente organisée en un tout. Nous savons que le tout est différent de la somme des parties.

Il peut être plus : émergences dans le tout de qualités absentes des parties : les sens de l’homme, la parole par ex.

Il peut être moins : inhibitions par le tout de qualités propres aux parties : la violence de l’individu réprimée par la société par ex.

En ce qui concerne le système vivant ou le système social, le tout est à l’intérieur de chaque partie : la totalité du patrimoine génétiques est dans notre peau.

Complémentarité de vérités apparemment contraires

Le paradoxe est donc que des vérités contraires peuvent défendre une même vérité. Pour être autonome, il faut que nous soyons dépendant (culture, éducation, moyens,..). La rétroaction négative, ou feed back négatif, empêche la déviance de se développer dans un système stable. Ex : le thermostat – causalité en circuit, rétroaction.

Il n’existe pas de paradoxe plus important que la vie et la mort. « Vivre de mort, mourir de vie » (Héraclite) : nous nous nourrissons d’animaux morts par ex. Mais au delà : nos cellules disparaissent pour remplacer de nouvelles cellules. Nous vivons donc de la mort de nos cellules. Nous luttons contre la mort en intégrant la mort en nous.

Dans l’univers, il y a de l’ordre. Pourtant, l’univers se dilate et se disperse. Cet univers est donc un mélange d’ordre et et de désordre.

En allemand : Gemeischaft (communauté) et Gesellshaft : rapports multiples (rapports de concurrence, de conflit).

Le paradoxe est présent dans la complexité, et c’est cela qui est difficile à faire entrer dans nos esprits.

La complexité du vivant (Arte)

Principes et paradigmes d’une connaissance complexe

Définition de la connaissance complexe : une connaissance qui relie des éléments que nous ne sommes pas capables de relier.

La connaissance globale n’est pas une connaissance totale car nous ne connaissons pas toutes les interactions.

Il faut introduire une part d’incertitude dans la connaissance du complexe. Une connaissance partielle est une connaissance ennemie (erreur partiale).


Principe de la connaissance complexe :

  • Principe de dialogique : relation à la fois complémentaire et antagoniste entre deux notions ;

l’ennemi de la complexité est la disjonction et la réduction. On ne peut pas comprendre le tout à partir de ses parties.

Le paradigme est un principe d’explication qui permet de contrôler des connaissances en lui disant comment les organiser.

Le paradigme de simplification (de disjonction): séparez, réduisez.

Le paradigme de la complexité : Reliez en sachant distinguer.

  • Principe hologrammatique : une partie est dans le tout, le tout est dans la partie
  • Principe de causalité en boucle :
    • la rétroaction : action en retour d’un effet sur sa propre cause
    • la récursion.

Enseigner la complexité pour vivre

« Eveillés, ils dorment » (Héraclite)

Derrière notre réalité quotidienne il y a une zone de mystère. On s’interroge sur la nature de la réalité. Dans notre époque, la réalité s’est complexifié. Les nations sont devenues complexes avec l’industrie, la mondialisation, le numérique. L’incertitude, partie prenante de la complexité, le futur est obscur. Le problème de fond est le problème de la connaissance (compréhension, certitude). Les carrières d’entrepreneuriat, d’industrie et de commerce rencontrent sans arrêt les problèmes de l’erreur, de l’illusion et de l’incertitude.

 

Les contradictions objectives qui complexifient la vie au quotidien (Laurent Bibard)

Les organisations sont soumises a des tensions à court terme et à long terme.

Tout le monde attend de tout le monde une contribution (à court terme) :

  • maximale (livrer au maximum),
  • immédiate (tout de suite),
  • constante (tout le temps),
  • visible (en le montrant).

A long terme on ne sais pas ce qu’il va se passer. On peut caractériser le long terme comme l’incertitude.

« La distinction entre risque et incertitude » (Franck Knight)

L’incertitude n’est pas évaluable. L’avenir n’existe pas encore. On ne sait pas ce qu’il est.

Le long terme entraîne :

  • de l’adaptabilité,
  • de la flexibilité,
  • de l’écoute.

Pour accomplir ce qu’on nous demande on répète ce que l’on sait déjà faire.

Si on est constamment à vouloir satisfaire les attentes autour de soi alors on ne fait que répéter des choses déjà apprises (c’est la pratique qui donne la compétence) = incapacité d’être ouvert

On fait du bon travail si on fait ce qu’on sais déjà faire mais aussi que l’on sait s’adapter. On s’adapte à ce qui n’est pas prévu. Une forme de créativité est indispensable.

Il faut cultiver une capacité de vigilance collective pour assurer la durabilité des organisations.

La vie quotidienne et managériale : « des affaires de sagesse et d’art »

Le management n’est pas une science mais un art. On doit être ouvert à tout ce que l’on ne sait pas. La poésie en grec c’est la création. « Peut être faudrait-il des poètes-managers ou des managers-poètes » (Laurent Bibard).

La complexité au quotidien (François L’Yvonnet)

La complexité est à la fois un niveau de difficulté et une manière de ne pas expliquer. C’est un objet de réflexion théorique.

« Complexus » veut dire tisser ensemble : assembler, relier. On peut distinguer, penser mais c’est distinguer sans disjoindre. La complexité est une autre forme d’esprit, essentielle car l’innovation est de plus en plus partagée. Le paradigme cognitif de demain c’est l’innovation. Etre innovant c’est à la fois être un esprit neuf mais il est aussi nourri de tout un patrimoine, de tout une tradition.

A lire : La gestion, entre éthique et politique par Laurent Bibard