La question de l’égalité face à l’erreur est complexe et dépend de nombreux facteurs, notamment culturels, psychologiques et sociaux. Psychologiquement, tout le monde n’est pas également disposé à reconnaître ou à accepter ses erreurs, cela peut dépendre de la personnalité ou de l’éducation. Culturellement, certaines sociétés peuvent être plus tolérantes à l’égard des erreurs, les considérant comme des occasions d’apprentissage, tandis que d’autres peuvent être plus punitives.

Dans le milieu professionnel ou éducatif, la perception et la gestion des erreurs peuvent varier considérablement. Certaines organisations encouragent une culture où les erreurs sont ouvertement discutées et utilisées pour le développement, tandis que d’autres peuvent stigmatiser ceux qui se trompent.

Il y a aussi une dimension sociale et économique. Les personnes ayant un statut social ou professionnel plus élevé peuvent être jugées différemment de celles ayant un statut inférieur lorsqu’elles commettent des erreurs.

Nous ne sommes pas égaux face à l’erreur. Certains trouveront en elle une opportunité de rebondir, de s’améliorer lors d’une prochaine tentative. Certains au contraire la vivront comme un échec personnel et se jugeront à coup de « je suis trop nul(le) ». D’autres enfin refuseront d’agir, ne voulant pas prendre le risque d’échouer.

De l’audace toujours de l’audace

63% des personnes regrettent des choses qu’elles n’ont pas tentées, alors que seulement 37% regrettent des actions réellement tentées, même ratées.

Mieux vaut prendre le risque d’échouer que de ne rien faire. La vie est pleine d’incertitudes, mais ne pas agir est à coup sûr la solution la moins efficace.

Vous en doutez encore ? Alors faisons un peu de mathématiques :

  • Un choix comporte une part d’erreur. Si c’est un choix basique (oui ou non par exemple), vous avez une chance sur deux de vous tromper. 50/50
  • Une indécision ne comporte pas de marge d’erreur. Ne pas faire de choix sera à coup sûr une erreur. 0/100

Exemple : si un élève répond à une question, il a une chance sur deux de se tromper. S’il ne répond pas à la question il aura à coups sûr un zéro pointé. Explication : Si un élève choisit de répondre à une question, même sans être sûr de la réponse, il a une chance de réussir et d’obtenir des points. Cependant, il prend aussi le risque de se tromper. À l’inverse, s’il choisit de ne pas répondre par crainte de l’erreur, il est certain de ne pas obtenir de points. Cette situation met en lumière l’importance d’encourager les apprenants à prendre des risques calculés et à apprendre de leurs erreurs, plutôt que de les éviter par peur de l’échec.

De l’erreur à la prédiction

Il existe trois types d’erreurs :

  • L’erreur attendue : Lorsque le résultat est supérieur aux attentes, cela peut être perçu positivement, car les efforts de correction sont valorisés. Exemple : Un chef de projet s’attend à des retards dans le calendrier de développement d’un nouveau logiciel en raison de défis techniques. Toutefois, l’équipe surpasse les attentes en résolvant rapidement les problèmes et en terminant en avance.
  • L’erreur conforme aux attentes : Un résultat attendu, même s’il est erroné, peut nécessiter simplement un peu de recul pour être correctement évalué. Exemple : Une équipe de recherche teste une nouvelle théorie scientifique, mais les résultats expérimentaux confirment ce qu’ils suspectaient déjà : la théorie ne tient pas. Le résultat est conforme aux attentes, bien qu’il soit une erreur scientifique.
  • Le résultat inférieur aux attentes : Un lancement de produit qui ne rencontre pas le succès escompté, malgré des prévisions optimistes, provoquant de la consternation au sein de l’équipe et une remise en question des stratégies. C’est la consternation et le doute s’installe. Exemple : Une entreprise lance une nouvelle campagne publicitaire en espérant augmenter considérablement ses ventes. Cependant, la campagne reçoit peu d’attention et les ventes n’augmentent que légèrement, bien en deçà des attentes.

Les deux premiers mobiliseront votre attention alors que le dernier aura tendance à vous démobiliser, à vous démotiver.

Pourquoi ? Parce que c’est l’erreur de prédiction qui s’imprime en nous (neurones) et qui influe sur notre comportement. Parfois elle peut s’accompagner d’une attente personnelle trop élevée ne pouvant nous conduire qu’à l’échec.

Entraîné dans une spirale de surenchère toxique le perfectionniste se fixe des objectifs irréalistes.

Entraîné dans une spirale de la confiance aveugle en ses capacités, leffet Dunning-­Kruger pourra amener les moins performants à se surestimer.

La spirale de l’erreur

Ces neurones de l’erreur sont donc censés nous aider à progresser mais…

51% du temps nous persistons dans l’erreur après nous être trompés une première fois, parce que nous avons tendance à surestimer la valeur d’une action que nous avons choisie. Ce « biais de choix » est un obstacle à l’apprentissage à partir des erreurs.

La spirale de l’erreur est un concept qui décrit comment une petite erreur initiale peut conduire à une série d’erreurs plus importantes. Cela se produit souvent lorsque l’erreur initiale n’est pas correctement identifiée ou corrigée, entraînant des complications ou des malentendus supplémentaires. Dans un contexte professionnel ou personnel, cette spirale peut conduire à des conséquences plus graves, affectant la performance, la prise de décision ou même les relations interpersonnelles. La clé pour éviter la spirale de l’erreur est la détection rapide des erreurs et leur correction immédiate, ainsi que la mise en place de systèmes de feedback efficaces pour prévenir leur récurrence.

Les émotions affectent notre choix.

En 1956, le psychologue Jack Brehm a découvert que lorsque nous sommes contraints de choisir entre deux plats, deux voitures ou deux partenaires équivalents, le choix déclenche une réévaluation inconsciente de nos valeurs. Celui que nous avons choisi prend de la valeur tandis que celui rejeté en perd.

Ce principe peut s’appliquer à l’erreur. En effet, la référence créée par le choix initial nous incite une fois sur deux à refaire le même choix erroné (erreur de persistance).

La prochaine fois que vous faites une erreur et que vous avez tendance à vous culpabiliser, dites-vous que c’est une partie de vous qui a échoué. Car on ne peut pas être bons partout mais à l’inverse on ne peut pas être bon nulle part.

De la bienveillance à la coopération

Il est donc très difficile d’apprendre par soi-même de ses erreurs.

Ce constat devrait nous amener à être plus indulgent vis-à-vis de l’erreur et à accompagner plutôt que de sanctionner l’erreur. L’évaluation par les pairs est à ce stade un outil d’évaluation et d’accompagnement efficace et formateur. En effet, apprendre des erreurs des autres à travers l’action et l’observation serait beaucoup plus efficace.

L’estime de soi comme préalable

Il faut rappeler que l’estime de soi se construit sur trois piliers :

  • Se sentir confiant et performant,
  • Se sentir aimé,
  • S’accorder des valeurs, des qualités.

La pression sociale, les nécessités peuvent nous entraîner dans une spirale de l’échec :

  • Se sentir redevable,
  • Ressentir le besoin d’acceptation,
  • Faire face à l’urgence.

Dans des cas extrêmes la terreur de l’erreur peut devenir une source de paralysie, d’indécision ou de procrastination.

Savoir dire non et utiliser l’assertivité : sont des outils efficaces pour prendre soin de son estime.

Il y a urgence à décomplexer l’erreur et à développer le plaisir et la dimension ludique (Stanislas Dehaene 2017)

L’action vs l’inaction

N’en déplaise aux stoïciens, la sagesse est souvent dans l’action car elle permet à autrui de suivre les pas des anciens.

L’inaction des bons est aussi nocive que les actions des mauvais (Martin Luther-King).

Tout comme l’enfant apprend à marcher, l’adulte apprend à échouer pour évoluer et innover.

Alors passez à l’action et apprenez de vos erreurs !

« Comment apprendre des erreurs des autres » Meunier et Montardini

Théories de la décision :

  • Théorie de la Rationalité Limitée (Simon) : Suggère que les décisions sont prises en tenant compte des limitations cognitives et du manque d’informations.
  • Théorie des Perspectives (Kahneman et Tversky) : Explique comment les gens choisissent entre des options probabilistes, avec des potentiels gains et pertes, en fonction de la valeur perçue plutôt que du résultat réel.
  • Théorie du Paradoxe de l’Action Collective : Examine comment les individus prennent des décisions dans le contexte de l’intérêt collectif versus l’intérêt personnel.

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