Tout le monde connaît l’effet « placebo ». Le placebo « contient des substances supposées neutres, c’est-à-dire sans effet pharmacologique démontré dans la pathologie considérée, administré dans le but de plaire au patient » (wikipédia).

Il s’agit donc des conséquences d’administration d’un médicament pharmacologiquement inerte prescrit dans un contexte thérapeutique. L’homéopathie est considérée par la science comme faisant partie des placebos au même titre que les autres pratiques alternatives…

Et pourtant l’effet placebo est un caillou dans la chaussure de la science et de l’industrie de la santé.

Un ami qui vous veut du bien

Henry Beecher a réuni les données de 15 études démontrant l’efficacité de celui-ci dans une moyenne de 35,2% des cas. Il a été un des premiers médecins à l’utiliser lors de la seconde guerre mondiale. Dans certains cas le placebo est efficace jusqu’à 90% !

Qui dit mieux ?

Les autorisations de mise sur le marché seraient donc amenées à surpasser l’effet placebo. On considère qu’un médicament est efficace si son effet est supérieur de 5 à 30% à l’effet placebo.

Dans certains domaines comme la sclérose en plaque il est très difficile d’évaluer l’efficacité de l’effet médicamenteux vs l’effet placebo (voir vidéo Arte).

Et pourtant, certains médicaments ayant fait scandale, les essais cliniques falsifiés ou bidonnés, les données masquées, les maladies inventées de toute pièce nous démontrent régulièrement de manière volontaire ou involontaire que la vérité scientifique est toute relative. La science par contre n’hésite pas à décrier les pratiques alternatives en déclassant par exemple l’homéopathie ou l’acupuncture après les avoir intégré dans le cercle vertueux de la médecine. L’homéopathie est reléguée au rang de simple placebo. Pour vous en convaincre tapez homéopathie et placebo sur un moteur de recherche et voyez comment est traitée celle-ci… Et pourtant.

Le placebo serait parfois plus efficace dans le temps : l’effet serait plus rapide et durerait parfois plus longtemps que certains médicaments.  Une accoutumance au placebo pour provoquer une dépendance médicamenteuse…

Le temps, la modulation du stress et les anticorps seraient pour moitié dans l’effet placebo.

Son efficacité serait, enfin, liée à la confiance du patient envers le praticien et dans l’efficacité du produit. Celle-ci provoque la libération d’une substance dans notre organisme : l’endorphine. L’endorphine est désormais bien connue dans le traitement de la douleur. Elle facilite grandement le sentiment de bien-être.

La prescription d’un placebo est licite : selon l’article 511 du code de la santé publique.

Cercle vertueux mais pas que

La relation patient/soignant est importante car le placebo ne peut fonctionner que si cette relation est sincère : le patient ayant confiance dans le soignant et le soignant souhaitant atténuer la douleur ou guérir le patient.

Selon un article de la revue « Cerveau et Psycho » 35% à 45% des médicaments prescrits seraient des placebos impurs.

Plus le soignant serait chaleureux, plus l’effet placebo serait important et la maladie supportable.

Il y aurait donc un cercle vertueux à l’effet placebo. Un cercle basé sur la confiance, le respect et l’optimisme.

A l’opposé il existe un cercle vicieux fait d’avidité et de prescriptions de complaisance. Si l’on considère que 35 à 45% des produits pharmaceutiques sont vendus et prescrits comme des médicaments, on peut donc en déduire que la confiance peut parfois se transformer en « manipulation ».

Un peu moins de la moitié des médicaments sont de coûteux placebos voire parfois des nocebos (voir la liste des 91 médicaments plus dangereux qu’utile de la revue « Prescrire »).

On vous propose de la Vitamine C pour combattre la fatigue, le stress ou en complément nutritionnel… alors qu’elle n’est efficace que pour lutter contre le scorbut. C’est donc l’effet placebo qui vous redonne du tonus. Les probiotiques pour combattre une diarrhée, des examens complémentaires souvent coûteux ne sont là que pour rassurer le patient.

En 1996, les vrais anti-douleurs étaient évalués par les patients comme 27% plus efficaces que les placebos. En 2013, il n’y avait plus que 9% d’écart entre les deux.

En France, il y aurait un visiteur médical (13 000) pour 8 médecins généralistes (88 000). Après le passage de ceux-ci les prescriptions de produits que représentent ce visiteur seraient triplées dans certains cas.

151 molécules retenues par un groupe de médecins internistes et généralistes suffiraient à soigner 95 % des maladies dont souffrent les Français.

Il existe 5 000 médicaments sous 15 000 formes différentes.

Dans ce cercle-là, c’est le visiteur médical et par conséquent le laboratoire pharmaceutique qui seraient gagnant. Les programmes de déremboursement de certains médicaments tiennent-il compte de tout cela ? On peut en douter lorsque l’on sait la place des lobbys pharmaceutiques dans l’espace politique français ou européen. Saviez-vous qu’il y a encore peu de temps les lobbys pharmaceutique avaient leur bureau au sein de l’Assemblée Nationale ou du Sénat.

Loin de prôner un monde sans médicaments il convient d’être prudent dans l’efficacité de ceux-ci et du degré de confiance que nous pouvons accorder à la sincérité de certains praticiens.

Le médicament est à l’origine de 20 000 morts par an en France (France Culture).

Si la science se méfie des pratiques alternatives, quel regard devons-nous porter sur un domaine qui pense qu’il n’y a qu’une seule vérité : la vérité scientifique.

La médecine européenne basée sur la différenciation entre le corps et l’esprit est malmenée avec l’effet placebo. Ce qui déclenche l’effet placebo reste encore un grand mystère. La fabrication endogène par le cerveau vient compenser le manque physiologique, y compris dans le cas de Parkinson  ou d’opérations dites placebo.

Attente et conditionnement seraient au cœur de l’effet placebo, mais bien au delà il est possible de déclencher l’effet placebo sans avoir besoin de mentir au malade.

D’après les dernières recherches, la relation patient/soignant est la clé de la réussite. Un soignant peu convaincu, maltraitant ou peu communicatif aggravera l’état du malade. La communication dans la formation des médecins est donc indispensable.

La couleur, le nom, la forme, le prix pourraient avoir des effets que l’industrie pharmaceutique gardent jalousement secret (galénique).

Quelques conseils :

  • laissez votre organisme agir plutôt que de vous précipiter chez le médecin ou sur la boite de médicaments pour les maladies bénignes en évitant les montées de fièvre au delà de 40°
  • Le temps est souvent la clé
  • Posez des questions sur l’ordonnance que vous propose votre médecin (effets, contre-indications, risques, etc.)
  • cherchez à savoir s’il existe des solutions moins chimiques et par conséquent moins dangereuses pour votre organisme

Pourquoi ne pas vous faire vous-même votre propre placebo ? Il semble que dans certaines pathologies bénignes cela fonctionne.

Question subsidiaire : dans le mesure où la relation patient/soignant est prépondérante dans la réussite du soin, est-il encore raisonnable de définir les sorciers, chamans, thérapeutes et autres praticiens dits « non conventionnels » comme des charlatans ? Leur humanisme dépasse parfois un service de santé concentré sur l’optimisation économique et la rationalisation. La qualité relationnelle fera débat dans les années à venir.

A lire, à écouter :

Marianne :  La grande révolte des malades : Après le Médiator et la Dépakine, le Levothyrox est l’affaire de trop…