1- Définition
La conscience serait une « une faculté mentale qui permet d’appréhender les phénomènes subjectifs extérieurs (l’observation, la sensation) et intérieurs (l’attention, l’introspection). Il est étudié en philosophie, en psychologie, en biologie. C’est une représentation, un concept encore mal définis.
« Conscience : le fait d’avoir des perceptions, des pensées et des sentiments. Le terme est impossible à définir, sauf en des termes qui sont eux-mêmes intelligibles si l’on ne sait pas ce que signifie la conscience… Rien de valable n’a jamais été écrit à ce sujet » (Sutherland, 1996)
La conscience peut aussi être rapprochée de l’éthique ou de la morale (conscience philosophique). Enfin la conscience de soi sera étudiée dans un prochain article.
La plupart des scientifiques s’accordent à distinguer l’état de conscience et le contenu de la conscience.
A quoi sert la conscience
- Réflechir posément : l’information reste stable aussi longtemps que nécessaire.
- Comprimer le flux d’information : le réduire à quelques « symboles » qui peuvent être rapportés ou stockés.
- Renvoyer l’information à d’autres processeurs.
- Surveiller nos opérations mentales et repérer les erreurs (exemple : la négativité de l’erreur).
La conscience chez le bébé : La durée de traitement est trois fois plus lente que chez un adulte (non myélinisation de son cerveau).
Détecter une conscience résiduelle chez des personnes en état végétatif fait l’objets de débats.
Le contenu de la conscience
Lorsque nous somme conscients d’une information nous pouvons le rapporter par le biais d’un vecteur de communication (orale, écrite, gestuelle,…). L’information consciente est donc accessible et peut être rapportée sous diverses formes :
- Rapport verbal,
- Evaluation,
- Intention,
- Contrôle,
- Mémorisation,
- Stratégies.
La manipulation de la conscience
La conscience est un tout petit prisme sur le monde extérieur. La partie consciente est extrêmement limitée expliquant pourquoi certains stimulis rentrent dans la conscience et d’autre pas. La conscience est aussi un seuil qui embrase (ingnition) un vaste réseau cérébral. En dessous de ce seuil le subliminal n’est pas perçu (activation des cortex visuel et préfrontal non consciente).
Peut être ne voyons-nous réellement, à chaque instant, qu’une toute petite fraction du monde extérieur – notre sentiment de conscience globale résulterait du fait que, dès que nous y prêtons attention, chacune d’elles devient instantanément accessible (Dehaene, Changeux, Naccache, Sackur, & Sergent, 2006). Plusieurs expériences récentes menées sur les paradigmes de cécité au changement et de mémoire iconique soutiennent ce point de vue (de Gardelle, Sackur, & Kouider, 2009 ; Simons & Ambinder, 2005) (Extrait du cours de Stanislas Dehaene)




La cécité inattentionnelle
1001 manières de rendre une information non-consciente (Stalislas Dehaene)
L’état de conscience
La vigilance est aussi nommée : état de conscience ou conscience intransitive.
« L’état de conscience est transitif lorsque nous observons la forme d’un objet. ll peut être aussi intransitif renvoyant aux états de vigilance (veille, sommeil, coma, anesthésie,..). Par exemple : lorsque nous déclarons un accidenté conscient. »
La conscience nécessite que l’on se retire de l’attention d’un objet pour passer à une autre.
Plus spirituellement : L’exemple de la poutre : Imaginez que vous êtes sur une poutre. Il convient de se rendre compte qu’on est en train de se faire distraire pour compenser. Contrairement à une idée répandue notre esprit ne peut guère être focalisé sur plusieurs pensées en même temps (cette pensée pouvant être composée de plusieurs éléments). Il faudrait donc passer d’un état à l’autre pour un bon équilibre :
- « regard analytique » : observer les volumes, compter les objets… (à l’excès c’est le toc par ex),
- à un « regard sensoriel » : observer ses émotions, l’ambiance, les sensations… (à l’excès c’est le délire, l’imaginaire par ex).
L’accès à la conscience
A chaque instant le cerveau est saturé d’innombrables stimulations sensorielles dont la conscience ne nous renvoie qu’une infime partie. L’accès à cette conscience est fortement sélectif et extrêmement ouvert : à tout instant nous devons pouvoir orienter notre attention vers des sensations, des émotions, des observations différentes. Nous passerions d’un état de préconscience à celui de la conscience favorisant l’accès à l’information.
Les processus mentaux se distinguent en deux catégories :
- les processus mentaux automatiques : démarrent sans intention et n’interfèrent pas avec les autres ;
- les processus mentaux contrôlés : font appel à un système central à capacité limitée qui ne permet pas l’exécution de plusieurs opérations simultanées sans interférence. Ils sont dépendants de nos intentions et conduisent à une expérience consciente.
Au-delà des simples réflexes, les automatismes conditionnent la plupart de nos comportements. La parole est composée d’automatismes : on ne peut que vérifier que ce que l’on dit est à peu près ce que l’on voulait dire.
L’hypothèse de l’espace de travail neuronal global (Dehaene & Changeux, 1998, 2003, 2005 ; Dehaene & Naccache, 2001) suppose que :
- Le cerveau comprend de nombreux processeurs spécialisés qui traiten les informations non-consciemment.
- La prise de conscience correspond à l’entrée d’une information dans un système neuronal disctinct dans les régions préfontales et pariétales dont les axomes longs diffusent les informations globalement.
- L’information consciente devient stable et disponible à l’ensemble des processeurs, ce qui permet de l’utiliser avec flexibilité et de les rapporter aux autres.
L’attention
L’attention c’est la prise de possession par l’esprit, sous une forme claire et vive, d’un objet ou d’une suite de pensées, parmi plusieurs qui semblent possibles. (William James, 1890)
Il convient cependant de distinguer deux circuits neuronaux séparant :
- l’orientation de l’attention,
- l’accès à la conscience.
L’attention sert à sélectionner les stimulations qui méritent d’accéder à la conscience.
C’est un état sélectif, à capacité limitée, conscient ou non conscient.
Stanislas Dehaene dans son laboratoire est arrivé à créer « des situations si dépouillées qu’il ne reste qu’une information sur l’écran. Dans ce cas, la sélection n’est pas indispensable, et l’attention et la conscience apparaissent dissociées ». (Le Code de la conscience, Stanislas Dehaene, 2015).
Plus spirituellement : L’attention est comme l’eau. Elle peut être définie par trois états :
- Etat gelé : l’attention est hyper focalisée (la concentration, la rumination)
- Etat liquide : l’attention prend la forme de l’activité à mener (méditation, unification)
- Etat gazeux : l’attention est « vaporisée » (la dispersion).
A visiter : Vipassana Sangha
L’attention peut aussi amplifier ou filtrer certaines informations sans pour autant qu’elle ne « finisse à la conscience ». En effet, l’attention peut être informée par l’inconscient (attraction amoureuse ou sexuelle, images subliminales, phéromones sexuelles) sans que nous en soyons réellement conscients. S’agit t’il pour autant d’automatismes ?
Sens de l’équilibre attentionnel
On ne peut pas décider des déplacements de son regard. Le regard se déplace de manière saccadée comme le tâtonnement de la main dans le noir. On ne peut pas décider des déplacements de son regard (au risque d’une rupture de la dynamique). Ce qui est potentiellement important. Nous sommes souvent spectateurs de l’attention. Etre conscient (observateur) de cela c’est faire une démarche d’introspection et d’exploration de sa propre attention et de ses forces.
Anticiper et maîtriser son attention sont des activités pratiquées dans la méditation.
La stabilisation attentionnelle : on amène doucement son esprit à se focaliser sur l’instant présent, le diaphragme ouvert et de mettre sa respiration au centre de l’attention. Observez et ressentez l’air qui entre et qui ressort pour ressentir physiquement l’air (chaleur), les mouvements de sa poitrine. C’est un acte de présence à ce qui est déjà là.
La pleine conscience : c’est une manière de décrire un état attentionnel fluide où nous sommes prêts à accueillir ce qui va venir. Ouvrir son attention à son état émotionnel.
L’attention tout comme la respiration peut être modifiée même si elle n’a pas besoin de nous.
A suivre :
- L’état modifié de conscience
- La conscience de soi