Jean-Luc RIO, Facilitateur de changement et de talents

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pensée sociale, Société

La colère et l’indignation

Les changements auxquels nous assistons (mondialisation, libéralisme, résistances, les migrants,…) nous mènent à un sentiment d’impuissance devant des modifications brutales et souvent considérées comme injustes.

La mélancolie est une colère rentrée, usante qui peut provoquer à long terme des comportements agressifs ou suicidaires. Nous pouvons se poster au-delà de nos égoïsmes en refusant cette mélancolie.

L’indignation : un acte de résistance

Les indignations sont des vertus politiques. C’est la résultante d’une négation morale. Un partage entre le juste et l’injuste. La question de l’indignation porte plus sur la morale que sur la politique mais c’est l’absence de morale qui provoque l’indignation. On s’indigne quand il n’y a plus d’autres solutions.

Stéphane Hessel, l’Abbé Pierre, Coluche, sont des figures de l’indignation.

Des mouvements de résistance (seconde guerre mondiale), en passant par le mouvement Emmaus, les Restos du Cœur ou le printemps arabe, l’indignation devant l’injustice, la misère, la nécessité d’une action solidaire ont engendré des actions nobles et justes.

C’est au nom de cette morale que l’acte de résistance a lieu.

Gandhi (1869-1948) préconise la non-violence non pas au nom de la « morale » mais au nom de la « raison » : « car la violence heurte la raison par son inefficacité ». Selon lui, la violence ne fait qu’amplifier cette inefficacité et elle déchaîne les émotions.

La colère comme mode d’expression démocratique

Les mouvements de colère sont souvent sains. Le réel étant considéré comme insupportable, c’est la remise en cause des normes qui provoque la colère. C’est le sentiment d’injustice qui provoque la colère.

L’article 2 de la loi El Khomri est un exemple de remise en cause de normes et explique les colères actuelles.

Comment parler de dialogue social et de démocratie lorsqu’une loi-travail n’est non seulement pas négociée avec les organisations syndicale mais qui plus est, imposée par un 49/3 historique. Devant l’injustice d’un gouvernement ayant dérivé gravement vers une posture guerrière, libérale et autoritaire, une partie de la population perd son sang-froid. Comment parler de justices lorsque le Code du Travail inverse les normes.

La colère peut être subite. Elle met hors de soi et parfois hors-la-loi (violence).

La colère ne peut que s’apaiser. Mais elle peut s’apaiser dans le ressentiment…

La colère peut être tournée vers un ennemi (personne à détruire) ou un adversaire (opposant légitime). La négociation est une issue pacifique. La résistance non-violente aussi.

Le sentiment d’impuissance, l’incapacité à s’exprimer (la colère de l’enfant), le sentiment d’isolement (chômeurs, intermittents,…) peuventt déboucher sur des colères bien différentes.

Les « banques de colère » qu’étaient les églises et les partis politiques (révolutionnaires par ex) ne jouent plus leur rôle. La colère affirme la contingence des choses. Elle doit être accordée à la passion démocratique, à la conviction politique.

Les colères collectives sont jugées variablement selon nos normes sociales. Mais généralement, on accepte plus facilement la colère des buralistes, de la FNSEA, des taxis, que des grèvistes ou des « casseurs de vitrines bancaires ».

Aristote (Rhétorique) et Carl Marx ont parlé de l’indignation et de la colère.

Selon Aristote, la colère et l’indignation sont utilisés par les politiques pour provoquer un débat et une action en justice (loi ou sentence). « Ce n’est pas par la raison pure que l’on est mis sur la voie de la raison ». En l’occurence, cette loi travail n’a ni raison pure, ni dignité sociale et politique.

C’est la réaction d’un système qui s’essoufle et provoque de nombreuses formes de réaction face à la manipulation médiatique, au déni de démocratie (49/3) et au déni de dialogue. Les lobby n’auront jamais été aussi présents.

L’indignation et la colère sont donc des attitudes justes et nobles face à un pouvoir aveugle et brutal, peu enclin à l’humanisme (migrants, calais, grévistes,…) et à la morale (affaires, cadeaux fiscaux, …).

Des actes de résistance qui ont encore le soutien de la population malgré tout.

Les valeurs humanistes et le vivre-ensemble en sortiront grandis ? Pas sûr.

 

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Le figaro 03/07/2015

 

Lectures

L’Indignation: Histoire d’une émotion politique et morale, XIXe-XXe siècle

Indignez-vous ! par Stéphane Hessel

L’abbé Pierre, l’insurgé de Dieu

 

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