Nous avons tous hérité de prédispositions issues de notre patrimoine génétique :
- des caractéristiques physiques et intellectuelles,
- certaines maladies (l’hémochromatose et la thrombophilie non rare) ou prédisposition (facteurs de risques),
- certains traits de caractère.
Mais quelle est la part de génétique et quelle est la part environnementale dans ce que nous sommes ? Les scientifiques nous en disent un peu plus aujourd’hui.
Des prédispositions génétiques ?
Notre code génétique est loin de nous avoir révélé tout ses secrets mais les dernières recherches en la matière nous permettent d’avancer les points suivants :
Deux éléments joueraient sur notre code génétique et particulièrement sur les chromosomes X et 17 : la MOA et le SERT
-
Monoamine oxydase (MAO)
On trouve les MOA dans certaines cellules du corps et au niveau des synapses du cerveau. Ils participent grandement à la stabilisation de l’humeur (dopamine, sérotonine). Ils seraient présumés aussi responsables de troubles ou des comportements tels que la toxicomanie, la criminalité, les troubles du déficit de l’attention, les phobies sociales,…
Dans les cas les plus graves, la psychopathie et la perversion narcissique.
-
Transporteur de la sérotonine (SERT)
Il agirait sur les troubles affectifs, les troubles dépressifs majeurs et les troubles bipolaires (voir l’autisme).
* La dopamine et la sérotonine jouent sur les fonctions cognitives, sur l’humeur et les émotions.
Le dysfonctionnement de ces deux variantes engendre :
- Une variante robuste ou vulnérable selon le cas : SERT + trauma =la dépression
- Une variante sensible : MAO + trauma = l’agressivité
Notre tendance à la dépression ou à l’agressivité peut donc avoir une origine génétique.
Pour certains scientifiques, la psychopathie serait une prédisposition génétique (Robert Hare par exemple) mais contrairement à une idée reçue il existe de gentils psychopathes (James Fallon par exemple).
Quels sont donc les autres facteurs pouvant interagir sur nos humeurs et notre comportement ?
Des gênes directement impliqués dans le caractère
Le gêne COMT (catéchol-O-méthyltransférase) varie selon les individus et est sensible à deux acides aminés (qui influent aussi sur la dopamine) :
- La Valine (Val)
- La Méthionine (Met)
Les individus ont soit :
- deux paires de l’un : Val/Val,
- deux paires de l’autre : Met/Met,
- un de chaque : Met/Val).
Les personnes Met/Met auraient trois à quatre fois plus de dopamine dans leur cortex préfrontal que les Val/Val.
Cette zone du cerveau est directement impliquée dans les processus de cognition, de prise de décision, d’expression de la personnalité et du comportement social.
Face à des difficultés majeures :
- Les personnes Met/Met seraient sujettes à l’inquiétude, à la rumination,
- Les personnes Val/Val auraient un caractère guerrier, fonceur.
Nous aurions donc des prédispositions fortes issues de notre biologie et de nos ancêtres.
Mais rien n’est inéluctable !
Les facteurs environnementaux
L’interaction entre les gênes et l’expérience façonnent ce que nous sommes et ce que nous devenons.
Notre environnement familial, personnel, culturel, professionnel, vont influencer notre manière d’agir, notre manière d’être.
- Un psychopathe n’est pas nécessairement un tueur en série.
- Une personne mélancolique, pas nécessairement suicidaire.
De nombreuses études ont démontré que de nombreux tueurs en série étaient des psychopathes. Mais on ne dit pas assez qu’il s’agit de personnes ayant subi des très lourds traumas dans leur enfance (facteur génétique + facteur environnemental défavorables).
Mais inversement nous pouvons supposer qu’une personne ayant le « gêne de l’agression » mais ayant grandi dans un environnement aimant et vivant, dans un environnement favorable sera « probablement » moins agressive qu’une personne ayant le « gêne de la dépression » ayant grandi et vécu dans un environnement hostile et violent.
De nombreux témoignages démontrent que la résilience permet à des personnes de sortir victorieux de situations post-traumatiques que nous pourrions supposer insurmontables.
Nous avons tous notre place dans le jeu de l’évolution et rien n’est inéluctable.
Que nous ayons un terrain défavorable ou favorable (part génétique), ce que nous en ferons (part expérientielle) dépend bien souvent de nous.
On sait que la psychopathie est caractérisée par une incapacité à ressentir de l’empathie et l’attachement.
Pourquoi, alors, ne parlez-vous pas ici de l’ocytocine qui est directement liée au niveau d’empathie?
Un préalable pour comprendre les principales clés biologiques du comportement:
Croire que le comportement intrinsèque est seulement lié à la culture est une aberration scientifique aussi folle que de croire que la culture a un fondement génétique.
La culture joue certes un rôle mais des recherches récentes montrent que celui lié à notre biologie est plus important.
Notre métabolisme lié à quatre substances constitue la clé principale de nos variations de comportements et elles ont chacune un siège génétique
1) L’Ocytocine (OXTR):
Hormone de l’attachement et de l’empathie, aussi appelée avec un peu d’exagération « Hormone de la confiance et de l’amour » ou encore « Hormone du bonheur ».
Une déficience sur les récepteurs de l’ocytocine engendre une absence d’empathie affective ou une atrophie égotique de l’empathie caractéristique des comportement manipulateurs, prédateurs, narcissiques, psychopathes, sociopathes, triades noires,…
2) La Dopamine:
Dite « Hormone du plaisir ». Elle joue aussi un rôle sur le contrôle des mouvements. Son taux doit être équilibré. Trop, c’est l’excès d’enthousiasme ou la perte de contrôle (effet drogue)… et trop peu, c’est la catatonie.
3) La Sérotonine:
« Hormone de l’humeur et de l’attention » sensible aussi à l’environnement.
En lien avec la Dopamine, elle joue aussi un rôle dans l’impulsivité.
4) La monoamine oxydase A (MAO-A):
Enzyme dont le métabolisme est lié au niveau d’agressivité (le fameux « gène du guerrier »).
Le gène de son métabolisme est situé sur le chromosome « X », donc le métabolisme de la MAO-A, contrairement aux trois précédent, diffère selon le sexe.
Classé en deux catégorie (guerrier et non-guerrier) comportant chacune plusieurs sous-catégories selon le sexe.
Par ordre de niveau d’agressivité:
* 2 Répétitions : Variante «guerrière» pathologique.
* 2 et 3 Répétitions ♀ : Deux copies de variantes «guerrières».
* 2 et 4 Répétitions ♀ : Une copie chacune de variante «guerrière» et «normale».
* 3 Répétitions : Variante «guerrière» classique.
* 3 et 3.5 Répétitions ♀ : Une copie chacune de variante «guerrière» et «normale».
* 3.5 Répétitions : Variante «normale».
* 3.5 et 5 Répétitions ♀ : Variantes «normales».
* 4 Répétitions Variante «normale».
* 4 et 5 Répétitions ♀ : Variantes «normales».
* 5 Répétitions : Variante «normale».
Les femmes disposant de deux allèles sur leur chromosome « X », elles ont moins de chances d’être « agressives » que les hommes.
De plus, chez les hommes, la testostérone exacerbe l’effet du métabolisme des MAO-A.
La réalité est évidemment plus complexe et il existe bien entendu d’autres substances influant sur le comportement et un large champ d’investigations sur ces autres influences mais ces quatre-là sont les principales, les plus connues et celles qui impactent de la façon la plus évidente sur le comportement.
En résumé, selon notre configuration génétique, nous pouvons parfaitement manifester un tempérament intrinsèquement plus dangereux qu’une personne estimée par cliché ethnique, religieux ou sexuel comme plus «agressive» ou porteuse d’un autre défaut sujet à cliché.
Le comportement intrinsèque n’a génétiquement rien à voir avec les haplogroupes (chromosome Y et ADN mitochondrial) ou la croyance ou la culture.
Les vraies personnes dangereuses (et c’est probablement le cas pour tous les terroristes de quels bords qu’ils soient) le sont le plus souvent intrinsèquement.
Les déficients en empathie affective (innée) ne le sont cependant pas pour l’empathie cognitive (acquise), ce qui rend possible les psychopathes « gentils ».
La réalité est évidemment plus complexe et l’environnement a aussi son importance (méthylations en épigénétique,…) mais, malgré-tout, ceci reste une clé essentielle pour comprendre l’impact de la biologie sur le comportement.
J’aimeJ’aime