Qu’est-ce qui nous différencie des autres espèces ? La question interroge depuis des siècles.

Le récit fait partie de notre histoire. Il nous permet de comprendre la réalité, de l’interpréter, de le retranscrire à travers des histoires, des récits.

Qu’il s’agisse de poésie, de littérature, de politique ou de religion, tout est récit.

C’est ce récit qui permet de mobiliser des millions de personnes à travers le monde (religions par exemple). C’est ce qui permet de construire un peuple, une nation.

Nous voyons le monde : en l’interprétant, c’est-à-dire en l’inventant, car nous sommes fragiles. L’espèce fabulatrice de Nancy Huston

Nous savons notre finitude, c’est pourquoi nous avons besoin de narrer notre histoire dans des récits. Une sorte de pré-postérité.

Notre vie, tout comme le récit, a un début, un déroulement et une fin. C’est sans doute pour cela que le récit nous parle tant de ce que nous sommes.

Old Asian woman working in cascade, Thailand

Le récit à travers les âges

De la Mésopotamie à Rome, en passant par l’Égypte et par la Grèce, les civilisations antiques ont en effet toutes éprouvé le désir de conserver et de préserver leurs récits.

La mémoire du ceux-ci était considérée comme un bien des plus précieux : peintures rupestres, parchemins des scribes égyptiens, tablettes, etc.

En Afrique de l’Ouest, les griots avaient une place prépondérante. Ce sont les passeurs de mémoire qui, tout au long des siècles, ont narré les histoires des temps anciens.

Le barde avait les mêmes fonctions dans nos contrées.

Contes, histoires, romans, fictions, etc. nous permettent d’interpréter le monde.

Le langage nous a permis de partager notre subjectivité mais c’est bien le récit qui construit l’histoire.

En Europe, les écrits ont permis de conserver et de transmettre les récits. Elles sont à l’origine du partage du savoir. Ce savoir était auparavant réservé aux érudits : connaissance profonde et étendue d’un sujet large résultant de l’étude et de la lecture des documents consacrés à celui-ci . (wikipédia)

Contruire un projet nécessite une vision prophétique

Si vous voulez réussir un projet, il vous faut réaliser ce cheminement. Comprendre le sens de l’action nécessite de projeter l’avenir à travers des hypothèses, des scénarios, des stratégies. La vision d’un projet sert de moteur à une équipe projet. C’est ce qui soude l’équipe car elle porte la même ambition, les mêmes valeurs, le même récit.

Le projet ne peut avoir d’identité que s’il projete un récit dont les pages s’écrivent au fur et à mesure.

Donner du sens à travers le récit

Le récit nous permet de décoder, d’analyser, d’assimiler notre environnement. La compréhension, la prise de conscience n’est que le récit d’une interprétation.

Notre fragilité nous contraint parfois à donner du sens à notre existence. Le récit que nous faisons de cette existence peut nous rassurer, nous enorgueillir,

On passe notre à donner du sens à travers des récits et des histoires.

Aller sur la Lune n’est rien d’autre qu’un récit.

Le capitalisme : un récit en perdition

Le capitalisme basé sur la croyance d’un monde sans limite en est un autre.

Cette histoire du bonheur par la consommation est en train de se fissurer : écologie, migrations, réchauffement climatique, faim dans le monde, crises économiques, corruption, etc.

Et pourtant, les chaînes d’information continuent à nous déverser des récits plus ou moins anxiogènes destinés à nous faire consommer pour compenser nos angoisses.

Le récit construit notre quotidien

Les histoires que nous nous racontons ou que nous racontons aux autres sont aussi une forme de récit. Nos cogitations, nos prophéties sont des récits que nous nous faisons d’un avenir plus ou moins incertain.

Le lâcher prise et le doute peuvent parfois nous permettre d’y échapper.

Image : Catherine (Joulin) Régnier