L’attention va s’exercer à partir de trois principes :

  • Identifier l’intention nécessaire,
  • Comprendre comment être plus efficace,
  • Réguler les éléments perturbateurs.

la métaphore de la poutre

competition-1184403_640L’attention est comme une poutre : nous partons d’un point A à un point B.

La forme, la taille, la hauteur de la poutre vont faire varier notre attention sur cette tâche. Cette poutre peut aussi comporter des obstacles.

  • Si la poutre est longue, il va falloir que je fasse des pauses pour arriver jusqu’au bout.
  • Si la poutre est étroite, la focalisation va être importante car le risque de chute est élevé.
  • Si la poutre est haute, la concentration va être importante car le risque de fracture est plus élevé.

Décrire la poutre facilite la focalisation et la prise de conscience de l’enjeu.

L’attention sensorielle

Dans le cerveau, l’attention est un mécanisme qui permet de faciliter l’activité et l’influence de certaines parties du cerveau aux dépens d’autres. Cette attention est dite sélective, car elle ne sélectionne qu’une cible à la fois.

Quand ce mécanisme s’applique à une région spécialisée dans un certain type de perception, par exemple : la perception d’une couleur particulière, celle-ci devient plus réactive et nous devenons plus sensibles à cet aspect.

C’est ce que nous faisons naturellement en comptant les 2cv jaunes ou lorsque l’on cherche un pantalon noir.

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Ce mécanisme de réglage de sensibilité est à l’œuvre dans toutes les modalités sensorielles pour écouter spécifiquement un violon dans un concerto ou la voix de son enfant dans une chorale.

C’est ce que nous faisons enfin pour juger si un plat est assez salé ou si on a encore mal au talon.

C’est ce qu’on appelle l’attention sensorielle, qui permet de sélectionner une perception sensorielle en particulier. Cette attention est dite sélective, car elle ne sélectionne qu’une cible à un instant donné.

Exercice :

Branchez deux sources audio (émisions de radio et de télé par exemple) en même temps et essayez de faire attention alternativement à chacun des médias en constatant la manière dont cela affecte votre compréhension à chaque fois, de l’une et de l’autre.

Sans attention, il va être très difficile de suivre une des deux conversations. L’attention permet également de comprendre et même de mémoriser.

Interrogez-vous sur ce que vous avez perçu des deux émissions et à laquelle vous ne prêtiez pas attention l’instant d’avant : que pourriez-vous en dire ?

La conversation était-elle animée ? Étaient-ce des hommes qui parlaient, des femmes ? Vous pourrez sans doute ainsi remarquer qu’être inattentif, ce n’est pas « ne rien entendre », et nous sommes capables de saisir beaucoup d’informations simples même quand nous ne sommes pas attentifs. L’inattention ne rend pas sourd, mais elle empêche de comprendre. L’attention établit une connexion privilégiée avec un objet, une tâche ou une personne et permet d’être dans une réelle interaction au sein de laquelle notre cerveau s’implique sans retenue.

Tiré de l’éclairage scientifique de Jean-Philippe Lachaux

La biologie de l’attention

C’est le principe de sélection de populations neuronales spécialisées qui est à l’origine de notre capacité à porter sélectivement attention à certaines « cibles » auxquelles on devient plus sensible.

Une cible simple pour l’attention est une cible ayant sa population de neurones « dédiée » et prête à être activée.

Il explique, inversement, qu’il y ait des cibles auxquelles on ne sait pas comment faire attention car il s’agit de perceptions qui correspondent à l’activation conjointe de plusieurs groupes de neurones bien distincts. Exemple : quelque chose de rond et un peu vert.

Une sélection simple est une sélection sur laquelle on peut choisir de faire attention en étant sûr d’y arriver, et sans pouvoir expliquer comment on a réussi. La spécialisation permettra à force des faciliter la recherche et donc la mobilisation de groupes de neurones distincts.

Exemple : un expert en diamants aura beaucoup plus de facilités à détecter les vrais diamants des faux qu’un non-spécialiste.

Lorsque les neurones-chefs s’endorment pendant une activité, nous perdons de vue ce que nous cherchions à faire (notre Intention) et donc le fil directeur qui guidait nos actions. Le risque de se laisser distraire par des éléments extérieurs est également plus élevé : les habitudes et automatismes risquent de prendre le dessus, car aucun neurone-chef ne pourra les inhiber.

Liens :

La perception

La perception est l’activité par laquelle un sujet fait l’expérience d’objets ou de propriétés présents dans son environnement. Cette activité repose habituellement sur des informations délivrées par ses sens. Chez l’espèce humaine, la perception est aussi liée aux mécanismes de cognition.

Mais nos sens peuvent nous jouer des tours.

A lire : La perception et la mémoire

La distraction

Le circuit de la récompense

Les neurones du circuit de la récompense ont pour fonction essentielle d’influencer notre comportement pour nous rapprocher de ce qui est d’ordinaire plaisant et nous éloigner de ce qui est d’ordinaire néfaste ou dangereux (le circuit de la récompense est ici étendu à des régions cérébrales sensibles aux punitions).

C’est un système de « dérivation » de l’attention qui est sensible aux variations. Si quelque chose s’annonce comme « plus plaisant », « mieux » ou « plus intéressant » que l’action que l’on mène, il s’active pour déclencher un comportement d’approche. Mais il ne s’arrête pas là, car il va se mettre, à nouveau, en recherche de quelque chose de plus stimulant.

Le circuit de la récompense est donc un grand « déstabilisateur » de l’attention. Cela ne veut pas dire qu’il n’aide jamais à se concentrer : il peut même verrouiller l’attention d’un jeune sur un jeu vidéo, ou tout simplement pousser à dévorer un livre passionnant, ou à s’intéresser à quelque chose de passionnant.

C’est un peu Docteur Jekyll et Mr Hyde.

Le circuit de la récompense est au centre de tous les phénomènes d’addiction et de tous les comportements abusifs.

Happy entrepreneur working at desk
Répondre à une amie tout en continuant son activité professionnelle se fera au détriment d’une des deux activités (écoute vs compréhension)

L’intention

Pour se concentrer sur une tâche, il faut que nous soyons focalisés sur cette tâche, mais aussi que notre intention vis-à-vis de celle-ci soit :

  • claire et précise. Exemple : « j’ai l’intention de lire cet article jusqu’au bout »,
  • unique pour éviter la dispersion et le multitasking,
  • à court terme car les informations vont être maintenues en mémoire durant un temps relativement court. Notre cortex préfontal va être mobilisé, mais si nous attendons trop longtemps, la distraction va frapper à la porte à nouveau.

Si l’intention n’est pas claire, il y a risque de décrochage.

La mémoire n’est pas conçue pour conserver longtemps une intention (quelques minutes tout au plus). Elle permet à l’inverse de passer « rapidement » d’une tâche à l’autre tout en procurant une certaine instabilité.

  • Les missions courtes et simples sont donc préférables aux missions longues et complexes.
  • Le maintien en mémoire des intentions n’est pas indépendant du circuit de la récompense. Résister à la tentation est donc un exercice de longue haleine.

Le multitasking

Vous pensez pouvoir faire plusieurs choses en même temps ?

Exercice :

Comptez le nombre de « E« , « A » et de « I » dans le texte ci-dessous en ne parcourant le texte qu’une seule fois, à la vitesse de votre choix (sans utiliser de support écrit bien entendu!).

« En ce moment, je suis en train de lire un article très intéressant sur l’attention. Je me focalise sur cette tâche car il s’agit d’un exercice difficile qui nécessite toute mon attention et m’oblige à résister aux distractions éventuelles. »

L’exercice est difficile, non ? C’est tout à fait normal car vous demandez à votre cerveau d’exécuter trois tâches simultanément. Vous arrivez vite à la surcharge. Si vous les comptez les lettres les unes après les autres ce sera plus facile : 34 lettres « E », 10 lettres « A », 20 lettres « I ».

Le multitasking c’est « l’art » de faire plusieurs tâches simultanément. Nous savons désormais que ce n’est pas efficace et qu’il génère des surcharges mentales. Agir ou réflechir, il faut choisir si l’on veut avancer efficacement. Pour être efficace, mieux vaut alterner les phases de réflexion et les phases d’exécution de tâches simples.

Le task-set à l’inverse est le procédé que nous pourrions traduire par : « tout ce qu’il faut savoir pour mener à bien la tâche ».

« Mieux vaut avoir une seule intention claire à la fois, et un seul task-set, et donc un seul groupe de neurones bien actifs dans cette région du cortex préfrontal.

Quand nous arrivons à faire deux tâches en même temps, c’est soit parce que l’une d’entre elles est automatisée et ne demande quasiment plus d’attention ni de task-set, soit parce que ces deux tâches ne sont pas vraiment réalisées simultanément, mais en alternance rapide.. »

Jean-Philippe Lachaux

Le jonglage d’une tâche à l’autre vous rendra moins efficace et favorise la surcharge mentale.

Le découpage d’une tâche

Nous avons vu dans l’exercice ci-dessus que découper une tâche en sous-tâches que l’on exécute les unes après les autres est beaucoup plus efficace que de tenter de réaliser trois tâches simultanément.

On commence par compter les E, puis les A, puis les I. Exécuter ces trois tâches simples les unes derrière les autres est donc beaucoup plus efficace que de tenter d’exécuter une seule tâche complexe, à savoir les compter toutes ensembles dans le même temps.

Tous les projets complexes peuvent se subdiviser en tâches plus simples à réaliser.

La réflexion et l’analyse permettent et facilitent ce travail.

Effectuer ce travail nécessite de le fixer dans le temps et d’éviter ainsi les cogitations et les distractions éventuelles.

La concentration

Favoriser une tâche c’est délaisser toutes les autres et c’est sans doute cela le plus difficile. En effet, notre cerveau ne peut pas accepter longtemps la longue liste des choses que nous avons à faire. De fait, si notre tâche est trop longue, notre système d’alerte va nous rappeler toutes les autres tâches qui nous attendent.

L’alternance de phases de réflexions et de phases d’exécution doivent nous permettre de réactualiser cette liste et de nous fixer de nouvelles priorités.

Le problème du moment doit bénéficier de toute notre attention. La concentration sur cette tâche doit être entière pour éviter qu’elle ne dure trop longtemps.

  • Décomposer ce que l’on a à faire en mini-tâches simples,
  • Définir le temps à consacrer à cette tâche,
  • Focaliser son attention,

Cette tâche sera d’autant plus facile à réalisée si elle est courte, concrète, bien définie et facilement atteignable.

Votre attention sera d’autant plus facile à tenir si votre mission est bien limitée dans un laps de temps et si l’intention est forte.

Par la suite vous pourrez vous distraire sans penser au travail.